Aspirer au repos ne suffit pas pour le trouver. Cela peut même nous épuiser, tant le décalage paraît grand entre le besoin et sa réalisation! Se reposer, ne rien faire, s'immerger dans la farniente, est une aspiration louable, et plus fréquente que l'on ne croit chez beaucoup; mais contrairement aux apparence l'intention peut se révéler difficile et laborieuse à réaliser! De fait, le désir d’interrompre une activité, de cesser de s'éparpiller dans le faire, afin de prendre du temps pour soi, est sans cesse menacé, bousculé, parasité par de multiples intentions récurrentes: terminer la tâche entreprise, s'occuper les mains, mobiliser son esprit, réaliser un rêve, rencontrer quelqu'un... Bref, faire au lieu d'être, car ne rien faire, c'est donner plus de place au savoir-être.
Quand nous parvenons enfin à ne rien faire, souvent après un nombre d'efforts, ce moment se révèle fragile, facilement remis en cause et perverti par beaucoup d'autres bonnes intentions, sollicité par de nouvelles sollicitations à ... faire ceci ou cela!
Se reposer est rarement une activité à temps plein. Il faut avoir des dons très particuliers, très affinés pour rester toute une semaine, et même une seule journée, sans rien faire. Les conditionnements familiaux et culturels sont puissants pour nous déloger de notre inactivité. Le droit à la paresse n'est pas intégré psychologiquement comme un alibi suffisant. S'entrainer par dose homéopathique au début, puis oser de façon délibérée et soutenue par la suite et finalement s'adonner au farniente de manière constantes et élaborée, est peut-être la solution... Quelques personnes particulièrement douées y arrivent. Et on les entend, après cette expérience, raconter à tous leurs amis et connaissances, avec force et détails, tout ce qu'elles ont fait pour... ne rien faire.
"Vivre avec soi. Chaque jour... la vie" de Jacques Salomé (2003)